« Mince, j’ai encore oublié les mouchoirs, faut absolument que j’y retourne ».
« Ah, Donc c’est pas un mythe qu’on pleure chez le psy alors ? » me rétorque ma copine, étonnée et amusée, surprise que ce cliché, protecteur probablement, soit en fait, réel. Comme si elle prenait conscience, tout à coup, que les gens pouvaient pleurer, chez le psy.
Bien-sûr, beaucoup pleurent. Rares même sont ceux qui ne pleurent pas. Comment voulez-vous que les choses soient autrement quand on parle de soi, de notre vie, de nos désirs profonds et de nos maux ? Comment voulez-vous garder vos larmes quand quelqu’un vous autorise à les laisser couler ? Au ton de ma voix, à mon écoute active et mon empathie probablement, ils comprennent que c’est le moment pour pleurer, pour « évacuer ».
« Pardon je suis désolée, je savais que j’allais pleurer de toute façon ». Pardon ? Je suis désolée ? Mais désolée de quoi ? Quel cadeau que ces larmes qui coulent sur vos joues et qui vous libèrent !
Elles vous libèrent vous parce qu’elles ne vous appartiennent plus, elles et toute la douleur ou l’amertume qui leur sont liées.
Quel cadeau vous faites à votre enfant, qui découvre, grâce à la mise en mots, des douleurs toujours ressenties mais jamais exprimées. Tu vois mon grand, Maman elle pleure parce qu’on est en train de parler de choses qui sont quand même très tristes pour Maman. Ouf, même Maman aussi elle pleure et surtout, gros soulagement, quelqu’un est là pour l’écouter et la consoler.
Quel cadeau vous faites à celui que vous aimez, de lui permettre de découvrir ce qui est difficile pour vous et ce qui a besoin d’être soutenu.
Enfin, quel cadeau vous faites à ceux qui sont autour de vous, qui vous aiment ou vous soutiennent (ou les deux). Vous leur dites qu’ici, dans ce lieu qu’est cette relation, la confiance règne, on peut rire, on peut se charrier, mais on peut aussi et surtout pleurer. Et si on peut pleurer, c’est qu’on peut consoler. « Ne vous inquiétez surtout pas, ici tout le monde pleure, dis-je en tendant ma boîte de mouchoirs tout juste remplie. Et vous savez, même nous les psys, chez notre psy, on pleure, si vous saviez comme on pleure ! »
Ok, sauvé, tout le monde pleure.
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