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Lenaig Steffens

Chronique. Amoureuse d’un autre ?

Il y a des journées où chaque détail compte, rien n’est oublié. Des journées nouvelles avec des sensations qui jaillissent. Tomber amoureuse d’un autre homme ? Impossible ! Mais il y a des hommes, un homme qui arrive, chez qui tout est nouveau. Son allure, son odeur. Tout à coup, tout paraît plus simple. Avec lui, ça sera différent.

Juliette Armanet décrit ainsi l’amour de sa vie : « c’est lui, l’amour de ma vie, en lui tout est infini, je sais que c’est lui, tout me le dit ».

Et puis, tout à coup, l’infini s’ouvre ailleurs. Il semblerait alors qu’il en existe un autre, d’infini. Aux allures plus intenses, plus viriles, ou bien plus calme, réfléchi, plus entrepreneur, moins téméraire, plus sensuel ou plus tendre.

On se surprend à penser que, finalement, on peut sûrement trouver en chaque homme des choses différentes et que les deux peuvent ensemble se compléter, qu’il est possible d’admirer l’infini de l’autre aussi. Jusqu’ici les deux peuvent l’être, infinis, mais différemment. Par une rencontre, un échange, une personnalité prend le relais, et tout à coup il y a un infini qui l’est beaucoup moins. On a l’impression qu’avec l’autre tout serait différent. Qu’il pourrait mieux nous comprendre, que là où c’est compliqué et où ça coince tout serait plus fluide. Que quand il y a les doutes là, il y a l’évidence par ici. L’infini plus intense, plus grand, plus fort. Plus passionnel un peu aussi. Tout s’enclenche : et si ? Ça serait comment, si…? La rêverie s’anime. Tout est infini, c’est à dire qu’en lui tout se trouve, il y a tout. Ou plutôt tout ce je pense ne pas avoir, encore.

L’autre a toujours la saveur de l’infini quand il nous anime, qu’il nous habite. Quand il est à chaud, quand il se connecte à nous, il est tellement grand et intense. Et si, finalement, nous avions notre part à jouer dans l’infiniment de l’autre, celui que nous avons déjà choisi. S’il se déployait grâce à notre regard qui ouvre, qui attend toujours de nouvelles choses, qui donne à l’autre le bénéfice du doute, toujours. Et si l’infini de l’autre commençait quand on décidait de le regarder et d’en profiter, vraiment.


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