« Viens faire un bisou à la dame »
« Mamie elle est fâchée parce que t’as pas fait de bisou ! »
« Il ne dit pas bonjour votre enfant, il ne m’a pas fait de bisou en tout cas »
Au secours ! Qui n’a pas déjà entendu toutes ces phrases qui nous mettent souvent mal à l’aise et qui peuvent nous sembler parfois déplacées ? Quand c’est la grand-mère, on peut comprendre mais quand il s’agit de la boulangère, que faire ? Est-il bon de forcer notre enfant ou de ne pas insister au risque de passer pour une mère malpolie ?
La politesse
Il y a dans cette question deux choses à distinguer : la politesse et les gestes liés à celle-ci, et nous mélangeons parfois les deux. La politesse résulte de l’éducation que nous donnons à nos enfants, elle fait partie du « package » éducatif. En effet, l’éducation consiste principalement à aider nos enfants à ne pas être animés que par le principe de plaisir en leur montrant un chemin plus sain et plus conforme à la vie sociale, donc plus valorisant pour eux (ex : un enfant a très envie de cueillir toutes les magnifiques fleurs du jardin de la voisine, on peut lui dire que ce n’est pas possible, mais qu’en revanche, on va aller se promener ensemble pour trouver de jolies fleurs ou regarder dans notre jardin). La politesse en fait donc partie puisqu’elle permet à l’enfant d’adopter les codes de la vie sociale, essentiels à toute vie avec d’autres. La politesse fait donc partie de cette éducation mais celle-ci ne se résume pas à cela, cependant, elle est un très bon indice de la capacité qu’à globalement l’enfant de faire des efforts pour s’adapter.
Être poli, être gentil et agréable contribue à développer le charme social de l’enfant, qui influencera bien évidemment son rapport aux autres. Il est bien plus facile d’apprécier passer du temps avec un enfant agréable, qui demande gentiment, qui est poli, plutôt que de côtoyer un enfant malpoli. Ce charme social que permet, entre-autre, la politesse, permettra à l’enfant de développer une bonne estime de lui-même et d’être pleinement fier de ses progrès appris par les parents.
Le bisou
Il est une chose d’exiger de nos enfants qu’ils soient polis, qu’ils disent bonjour, bref, qu’ils prennent en compte les codes sociaux de notre monde, il en est une autre d’exiger d’eux un geste comme celui du baiser. Ce geste, clairement dépendant de chaque société peut être assez effractant, voire violent pour certains enfants. Il est important, si ceux-ci ont dit bonjour, qu’ils ont manifesté une parole voire un signe de politesse, de respecter leur non et de l’affirmer auprès de l’adulte parfois insistant. Respecter le non de l’enfant c’est lui donner une place et faire la part des choses entre les exigences qui lui sont imposées pour son bien (dire bonjour) et les simples désirs des adultes (avoir un bisou). On leur apprend ainsi, déjà, les prémices du consentement et du respect de sa parole. Il s’agit là comme d’un pacte : « tu n’es pas obligé de faire un bisou, je comprends que parfois on n’ait pas envie, en revanche tu es obligée de dire bonjour car saluer quelqu’un c’est lui dire qu’on le respecte ».
Vous pouvez tout à fait expliquer à votre famille, insistante, ces deux aspects différents que sont le « bonjour » (obligatoire et toujours demandé à l’enfant) et le « bisou » qui ne sera lui, jamais obligatoire et jamais imposé. Cela permettra de vous montrer ferme et de donner à votre parole une consistance aux yeux de votre enfant, ce qui est absolument essentiel. Lorsqu’il s’agit de personnes inconnues (ou presque), il en est de même, sauf que vous pouvez là, prendre peut-être un peu moins de pincettes ;-)
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